Divagations et réflexions
Bonjour à toutes et tous,
Je vous écrit juste un petit post en passant. Je n’ai pas disposé d’assez de temps pour écrire un article assez fouillé sur un des sujets que je traite habituellement. Je vais donc répondre ici, ou plutôt qu’une réponse, préciser ma pensée sur un point ou deux. J’aurais pu le faire dans la rubrique « commentaires » de mes articles précédents mais finalement je vais en faire un petit article.
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On me demande pourquoi il est nécessaire de reprendre des choses qui semblent « évidentes » pour beaucoup, ou plutôt qui semblent aller d’elles-mêmes sans qu’il soit nécessaire de les formuler. Fondamentalement je ne suis pas de cet avis. Je crois que le BDSM a souffert trop longtemps d’une approche générale qui l’a présenté comme une pratique très intellectualiste, du moins en France, ou simplement comme un prolongement de pratiques « libertines » (le mot « libertine » étant pris avec sa signification « moderne »). Et par le fait le BDSM était présenté comme allant de soi. Or il n’en est rien. Je respecte totalement ceux qui ont une vie heureuse et qui s’épanouissent dans leur passion. Mais dès qu’on entre dans la pratique de cette activité de toute façon il y a des choses qu’il faut apprendre. J’ai déjà écrit un texte sur l’importance de l’apprentissage initial quelque soit le domaine (BDSM ou non) pour une personne. On ne peut pas écrire et lire partout que c’est à chacun de se faire son opinion en cherchant ses informations et en même temps expliquer que les-dites informations vont de soi. C’est sur la base de ce constat (entre autres choses) que ce blog a vu le jour. Des centaines et des centaines de pages dans d’autres langues que la notre expliquent comment on fait une rencontre en toute sécurité, comment on s’y retrouve dans tous les champs différents du BDSM en fonction de nos besoins. Or en Français, seuls quelques auteurs ont fait l’effort de rédiger une présentation de ces mêmes éléments.
J’ajouterai que côté « soumises » il a fallu attendre Aurora pour qu’enfin une voix différente se fasse entendre et que les femmes puissent se rendre compte qu’on pouvait être femme, être soumise, être intelligente , respectée et bien dans sa vie. Auparavant, ce n’était que pathos et dévalorisation à tous les étages dans la façon dont les soumises étaient présentées sur le net. Aujourd’hui d’autres femmes soumises osent montrer une image de soumise libre, forte et respectée. Ceci étant il est clair que du chemin reste à faire pour que les images et les textes véhiculés un peu partout permettent à tout un chacun de se positionner dans une pratique qui lui convient et qu’il ait les informations nécessaires à une pratique sécurisée. Comme me l’a écrit « m » il convient de remettre 100 fois son ouvrage sur le métier.
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Je prolongerai ce petit texte en parlant d’humanisme, de philosophie et de sagesse. Là il ne s’agit plus de BDSM, mais de démarche personnelle ou de réflexion individuelle. Oui, notre chère Volcane a raison lorsqu’elle m’écrit : « Sagesse et Philosophie sont cependant synonyme initialement ( philo/sophia = amour de la sagesse)...Une philosophe, amoureuse de la sagesse et de la connaissance (ce qui englobe toutes les sciences, humaines, épistémologiques, scientifiques, artistiques etc...) ». Seulement depuis bien longtemps une seule personne n’est plus capable a elle seule d’assimiler toutes les connaissances humaines. Cela a eu logiquement pour conséquence que les philosophes (au sens restreint et moderne du terme) ne comprennent pas grand chose aux implications des notions scientifiques modernes. De même les scientifiques actuels sont incapables d’utiliser efficacement les thèmes de la philosophie moderne. Je pourrais faire la même démonstration en parlant de sciences humaines etc… Bref, si moi je parle de sagesse, c’est que la sagesse d’une personne ne dépend pas de la quantité d’information qu’elle est capable d’assimiler. Accepter le fait qu’on ne peut tout savoir (d’une part la somme des connaissances humaines est immense et d’autre part elle reste imparfaite) ce n’est pas se complaire dans une impossibilité à progresser en tant que personne. En effet, acquérir une certaine sagesse, c’est à la portée de tous. Certains sont plus doués que d’autres pour cela c’est évident. Mais que cela passe par le dialogue, que cela passe par des connaissances et des concepts ou que cela passe par une expérience vécue, tout le monde est capable d’acquérir une certaine sagesse. Il n'y a donc pas ceux qui savent d'un côté et les autres, il ya ceux qui savent vivre... et les autres, ce qui est très différent. Oh ! Cette réflexion personnelle sur ce thème ne va pas très loin. C’est juste une petite chose que je me suis dite à moi-même et que je vous fais maintenant partager.
Alors Volcane a ajouté autre choses dans son commentaire (j’en profite pour la remercier d’ailleurs) : « Le savoir, comme le sm...n'a d'autres limites que soi-même et notre degré d'ouverture. Et bien sûr il implique, comme vous le dîtes très justement, une "conscience" tout comme la pratique de jeux sm, conscience et attention à soi et à l'autre, autrement dit "humanisme". »
C’est extrêmement intéressant et cela prolonge mon propos précédent. L’humanisme… Oui c’est pour moi une évidence. L’humanisme est une valeur à laquelle je tiens. J’espère que cela transparaît dans mes textes. Toutefois, c’est une notion bien vague… Pratiquer avec « humanisme », cela veut dire quoi ? C’est tout comme pratiquer avec « respect » ? Il est juste de dire que si on ne pose pas de limites « a priori » à la pratique (autres que "soi-même" et son degré d’ouverture), la pratique ne peut être sécurisée qu’a condition de contrebalancer cela par une « conscience » personnelle (au sens de « Science sans Conscience n’est que ruine de l’âme »), une éthique ou un humanisme à toute épreuve. Je crois comprendre que c’est le sens des propos de Volcane. Je le répète je conçois que cette approche puisse se justifier mais je ne la partage pas. J’aime à penser que je suis humaniste, toutefois je préfère que les limites de ce qu’il est possible de faire ou pas (dans l’absolu) soient posées et bien comprises à l’avance. Une espèce de « cadre » éthique si on veut. La définition de ce cadre repose entre autre sur une vision humaniste de l’être humain, mais aussi sur la réalité des recours contre les dérives possibles et de la désignation claire du responsable d'un abus (ce qui suppose de définir ce qui est abusif). Mon expérience, mes dialogues, m’ont toujours montré que ne pas poser de limites a priori (autres que reposant sur la capacité d’un ou de plusieurs individus de prendre du recul par rapport à une situation) n’était pas une solution de sagesse. Je me situe dans une approche disons plus « épidémiologique », plus sociologique ou pragmatique, que philosophique dans ma description de l’univers BDSM. D’ou aussi mon choix du mot « sagesse » dans mon commentaire. Par conséquent, il y a bien des limites à respecter autres que liées à la volonté des individus dans le BDSM car tout cerveau peut déraper un jour. Il y a des limites légales aussi car tous les êtres humains ne sont pas bienveillants et il y a des limites autres que celles que nous fixons nous-mêmes parceque personne ne mérite d’être une victime.
Amitiés,
Aramis